Lors d’un voyage au Maroc, mon attention a plusieurs fois été captivée par un instrument qui ressemble à une guitare-luth et par la musique qui l’accompagne. Je découvrais ainsi la musique des Gnaouas, les descendants d’esclaves provenant de pays en dessous du Sahara comme le Sénégal, ou la Guinée.
Le mot Gnaoua lui même serait dérivé de « Guinée » un terme générique qui servait à désigner toute les populations noires d’Afrique subsaharienne. Les européens à leur tour useront de cette paresse du langage pour désigner toutes les contrées aux noms imprononçables; ce qui donnera toutes les Guinées (Guinée Equatoriale, Guinée Bissau, Papouasie nouvelle Guinée …) que nous connaissons aujourd’hui et qui n’ont pas grand chose en commun. Mais revenons aux Gnaouas qui comme les noirs américains, sont arrivés dans leur lieu de déportation avec leur culture et leur musique.
D’origine Bambara et Haoussa, la musique Gnaoua ou Gnaoui est donc fondamentalement assez proches des musiques noires d’Afrique de l’Ouest. Sa particularité vient des infiltrations berbères et islamistes qui ont enrichies les sonorités de base pour en faire une musique nouvelle. Les Gnaouas jouent principalement avec le Guembri, la guitare-luth dont je parlais en introduction. C’est un intrument à 3 cordes, avec un long manche rond en bois et une caisse de résonance rectangulaire recouverte de peau de chameau. Le jeu de Guembri mêle le pincement des cordes pour produire un son grave et mélodieux, aux tapotements de la main droite sur la caisse de résonance utilisée comme tambour pour donner le rythme.
Dans une composition traditionnelle de batterie gnaoua, le Guembri est joué par le maâlem, le maître musicien accompagné de joueurs de qraqech (castagnettes métalliques) et les tbels (vrais tambours). Aujourd’hui pour des diverses raisons dont l’economie et le tourisme, il n’est pas rare de voir des joueurs de guembri seuls aux coins des rues ou sur les places populaires. La musique gnaoua elle même, n’a pas cessé d’évoluer au cour des années, intégrant des influences jazz, blues ou autres. Ces emprunts à la musique mondiale ne sont pas toujours bien accueillis par les puristes qui craignent que la musique gnaoua ne soit dénaturée. Personnellement j’ai une position moins catégorique car toute musique même traditionnelle évolue avec le temps et s’enrichit des apports d’autres cultures. Tant qu’un nouveau courant n’écrase pas complètement tous les autres et que chacun trouve son bonheur dans la diversité d’offres qui est proposée, pour moi ce n’est que du bonheur.
Je vous quitte avec une courte vidéo qu’un joueur de Guembri m’a laissé réaliser au cours de mon voyage. A bientot pour de nouvelles découvertes 🙂